Alors que les apôtres demeuraient en prière au Cénacle, on peut penser que résonnaient encore en eux les paroles  que le Maître  leur avait adressées avant la Passion. Aujourd’hui, il nous les adresse encore. Il nous redit que, par l’effusion de son sang et par sa Résurrection, il a vaincu les forces du Mal et nous a gagné la paix qui surpasse toute connaissance. Bien plus, il est lui-même notre Paix. Mais la paix de Dieu va de pair avec une ardente vigilance. Elle ne nous dispense pas du combat spirituel, de la détresse, de l’angoisse, ni même des persécutions annoncées à tout disciple. Ces tribulations fortifient notre foi et nous mettent en communion plus étroite avec le Christ. Conscients de notre faiblesse, nous sommes sûrs de la force de Dieu, qui nous conduit à la victoire définitive. Courage ! Nous ne sommes pas seuls !

St Matthias, Apôtre (Fête) 

Jésus prépare ses disciples à son départ et voilà qu’il les invite à la Joie !  Comment est-ce possible ? C’est la joie même de Dieu que le Christ veut nous donner. Par notre baptême, l’allégresse a été gravée en nous comme une trace divine, car Dieu nous a élus en Lui « et cette joie nul ne pourra nous la ravir ». Toute notre vie est une marche, qu’elle soit joyeuse ou douloureuse, une marche vers un bonheur d’Eternité. En attendant l’instant de la rencontre dans le Royaume, Jésus nous demande à tous d’aimer, d’aimer encore, d’aimer toujours. En fait, il ne nous demande même que d’aimer. Que le Feu de l’Esprit nous brûle de son amour, alors notre joie sera parfaite.

Ce souhait de Jésus pour chacun d’entre nous se situe peu avant son arrestation et sa condamnation à mort. Alors, à quelle joie Jésus songe-t-il en un moment si dramatique ? Certainement pas à celles qui nous traversent tous à certains moments de notre vie et qui sont éphémères. Non, c’est sa joie même que Jésus veut nous partager, cette joie divine que nul ne pourra nous enlever. Elle s’ancre au fond du cœur de celui qui se sait « gardé dans le nom de Dieu », c’est-à-dire objet de son souci, de sa bénédiction et de son amour infini, dans une fidélité qui ne se reprend pas. Cette joie paradoxale et incompréhensible parce qu’elle n’est pas de ce monde, fortifie le cœur et l’âme. N’a-t-elle pas rendu de nombreux saints inébranlables face aux tribulations les plus cruelles ? Témoignage puissant de cette vie éternelle dont nous vivons déjà.

Etre un, qu’est-ce que cela veut dire ? L’un, ce n’est ni la moitié, ni les deux tiers, ni les trois quarts… C’est une totalité. L’un, c’est l’unité. Et le Seigneur, archétype de l’être humain, l’Un par excellence, vient nous unifier. C’est l’œuvre de toute une vie. Mais cette unité n’est pas une unité solitaire, car nous sommes aussi appelés à devenir un avec tous nos frères et sœurs en humanité, tous partie prenante de l’archétype de Jésus-Christ. Cette unité-là évoque la complétude, la totalité : nous avons besoin les uns des autres, tout simplement ! Notre interdépendance est totale, sans fusion cependant. Sans l’autre, il nous manque une part de nous-mêmes. Comme le Père et le Fils sont deux… et un, nous aussi sommes cinq, dix, cent, mille,… et un !

Les disciples viennent de prendre un bon déjeuner avec le Maître et voilà que Jésus crée un dialogue avec Simon.  « M’aimes-tu ? ». Comment répondre devant tous à cette question bien intime posée au présent ? Il nous arrive peut-être nous aussi de nous sentir interrogés comme Pierre et, comme lui, nous osons répondre « mais Seigneur tu sais bien que je t’aime ». Cependant pas toujours rassurés sur l’intensité de notre amour, nous pouvons dire : que faut-il faire pour mieux t’aimer Seigneur ?  A la veille de célébrer la Pentecôte, nous savons que seul l’Esprit Saint peut nous éclairer sur l’amour que nous voulons donner et recevoir. Que la douce force de cet Esprit nous inonde de sa grâce et qu’elle nous transforme encore et toujours.  

Demain, la venue de l’Esprit-Saint ravivera en nous la force du témoignage. Cinquante jours durant, la joie de Pâques nous a travaillés, il est temps de la porter au monde. Les textes de ce jour sont un véritable fourmillement de vie : ils nous présentent Paul qui annonce Jésus, qui enseigne. Puis le psaume nous parle de Dieu qui regarde l’homme et du Juste qui verra sa Face. Avec l’évangile, on en revient à Jésus qui parle aux Apôtres. Les temps et les lieux se chevauchent, mais l’histoire du Salut nous tire en avant. Le monde est sauvé. Cette Bonne Nouvelle, il faut l’annoncer à tous nos frères : aux pauvres, aux malades, aux isolés, comme à ceux que la vie semble combler. Seul Dieu donne le sens de tout ce que nous vivons. Nous allons vers Lui. Osons le dire. Quand on porte un trésor, on a soif de le partager.

Quel est cet Esprit mystérieux que l’on appelle de multiples noms : Défenseur, Consolateur, Souffle ? Son action nous permet d’en approcher le mystère. A l’aube de ce monde, il insuffle dans les narines de l’homme une haleine de vie. A l’Annonciation, il vient en Marie et le Verbe se fait chair. A la messe, il fait du pain le Corps du Christ. Il y a donc un lien vital entre l’Esprit et la chair. C’est étonnant : l’Esprit-Saint est lié au corps, il est fait pour la chair comme le dit le dominicain Frère Éric de Clermont-Tonnerre. Nous parlons encore du baume de l’Esprit. Un baume apaise les chairs meurtries. La Pentecôte est bien le jour où il nous faut confier à Dieu la chair de l’homme. Chair abîmée par les pandémies, la guerre, le vice, l’irrespect qui viole l’intime. Oui, confions-lui notre chair, il en fera le lieu de la Gloire.