Avec le « oui » de Marie, l’Espérance des millénaires entre dans l’Histoire et dans chacune de nos histoires. Par sa foi et la pureté de son cœur, Marie est l’écrin qui permet à la Vérité de se frayer une place dans notre humanité, pour le Salut de tous les hommes. Elle entraîne à sa suite, dans son FIAT, tous ceux qui veulent, comme elle, accueillir le Verbe de Dieu au plus intime de leur vie. Au jour de la visite de l’Ange, Marie lance un appel aussi fou qu’enthousiaste à tout homme : Qui que vous soyez, où que vous soyez, allez maintenant porter au monde le feu de Dieu qui est en vous ! En laissant Dieu « planter sa tente parmi nous », Marie nous ouvre la porte d’une aventure spirituelle exceptionnelle. La si belle solennité de l’Annonciation que nous célébrons en ce jour peut nous éveiller à cette grâce.

Un maître devenu disciple : ainsi pourrions-nous sous-titrer cette rencontre nocturne de Nicodème, maître en Israël, avec Jésus, le Maître de tout ce qui existe. Nicodème est venu de nuit trouver Jésus, comme incognito et cette nuit-là l’invite à renaître. Une vie nouvelle lui est offerte pour devenir un Nicodème nouveau, pourrait-on dire. Le maître en Israël vient se mettre à l’écoute de la parole de celui qui est précisément la Parole de Dieu faite chair et à l’école de l’Esprit. Tout lui est donné en cette nuit : le Fils et l’Esprit, pour recevoir la vie éternelle et entrer dans la communion du Père. Nous tous, baptisés, renés de l’Esprit, passés par la nuit pour devenir fils de lumière, nous devenons avec Nicodème des disciples, guidés par le souffle de la vie divine.

La Lumière et les ténèbres. D’un côté, les bons ; de l’autre, les mauvais : est-ce vraiment aussi simple ? Ce serait alors oublier de quel amour inconditionnel et passionné Dieu aime le monde et le don qu’il fait de son Fils. Ce serait ignorer cette merveilleuse annonce de bonheur en plénitude, promis à tous les hommes. Dans le Christ, l’œuvre de salut du Père s’accomplit et rien n’est définitivement tranché à l’avance. L’amour inlassable de Dieu transcende et embrase les ténèbres de notre péché. Dès lors, tout est possible. La Bonne Nouvelle de la Résurrection ouvre à l’espérance et l’on sait que le bien l’emporte dès aujourd’hui sur le mal. La Lumière inonde et anéantit les ténèbres, entraînant toute l’humanité dans un jaillissement incessant de vie éternelle.

Quelles sont nos façons de parler ? Terre à terre, ou  éthérée et évaporée ? Nos paroles sont-elles des paroles en l’air, vaporeuses, inconsistantes, dépourvues de poids car non tenues, contredites et peu fiables ? Ou sont-elles des paroles lourdes, trop lourdes, car saturées, boueuses et même salissantes ? Entre ces deux extrêmes, il y a peut-être un autre chemin qui s’ouvre, celui des paroles dans l’Esprit. Ces paroles-là ont un juste poids, une juste légèreté car elles sont insufflées par l’Esprit. Et puisque Dieu « donne l’Esprit sans compter », ces paroles-là ne sont l’apanage ou le monopole ni des chrétiens, ni des savants, ni de ceux qui détiennent le pouvoir, fût-il religieux. L’Esprit est répandu largement, à tout vent. Il souffle bien où il veut ! Pour le saisir au vol, saurons-nous tendre l’oreille suffisamment ?

Jésus pose cette question à Philippe pour le mettre à l’épreuve. Cet évangile serait-il aussi une leçon pour le « petit Philippe » qui sommeille en nous ? Vous savez, celui qui tend à être réaliste au point d’être un peu froid parfois ? « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain. » André, lui, propose autre chose. Il a remarqué un jeune garçon avec cinq pains et deux poissons. Réveillons en nos âmes le « petit André » qui sait voir en l’autre « le peu » voire, « le pas grand-chose » qui, une fois offert par les mains du Christ, devient nourriture pour beaucoup. Ayons confiance en Dieu et aidons-nous les uns les autres à donner les pains et les poissons de nos vies pour que beaucoup soient rassasiés.

Ce récit et étonnant : Jésus marche sur la mer, rejoint ses disciples, se fait reconnaître, et brusquement la barque touche le rivage. Nous savons que la mer était pour les Hébreux le lieu des puissances de la mort. Marchant sur cet élément, Jésus signe sa victoire sur le mal. Mais où et l’essentiel de ce passage ? Le signe de la Résurrection, certes – qui n’est pas de l’ordre du merveilleux mais de la puissance créatrice – mais surtout cette parole : « C’est moi ! » L’important, c’est le Christ, sa présence, son amour sauveur, sa réponse à nos appels de détresse. Laissons-Le s’approcher de nous, rejoindre nos existences ; alors Il nous conduira. La barque de notre vie atteindra de façon imprévue le rivage vers lequel nous ramons péniblement, le rivage de la vie éternelle. Rien ne l’empêchera jamais de nous rejoindre, Il nous aime trop !

Alors que les disciples d’Emmaüs racontent aux Apôtres leur expérience avec le Ressuscité, lui-même se manifeste à eux. Ils parlent de lui et il est là ! Il n’a pas frappé à la porte pour s’annoncer. Cette irruption n’est pas faite pour les rassurer ! Paralysés par la frayeur, le choc et le doute, ils restent muets ; dans ce passage d’évangile, pas un mot ne sort de leur bouche. La parole que leur adresse Jésus est comme une salutation attestant que c’est bien lui, un appel à ne plus avoir peur : « La paix soit avec vous ! ». Cette parole est pour nous aujourd’hui. Car le Ressuscité peut surgir dans nos vies, même au cœur de nos préoccupations. Il connaît nos hésitations, nos inquiétudes et il veut les imprégner de sa paix. Accueillons-la avec un cœur confiant sachant que tout don de Dieu procure la joie. Christ est ressuscité. Alleluia !